Sans objectifs clairs, ta croissance est condamnée à l’improvisation

2025-11-30 11:57 AM - Par Jason Savage

Ce n’est pas la volonté qui manque. La plupart des dirigeants que j’accompagne veulent structurer, croître, mieux vendre. Ils sont prêts à investir. Ils mobilisent leur monde. Et pourtant, les résultats restent inégaux, ou s’essoufflent dès que la pression monte.

Quand on creuse, ce n’est ni un manque de compétences, ni un manque d’effort. C’est l’absence d’objectifs clairs, concrets, compris par tous. Je ne parle pas ici d’un chiffre projeté dans une slide de planification annuelle. Je parle d’objectifs qui tracent une ligne nette entre ce qu’on vise et ce qu’on laisse tomber. Ceux qui filtrent les idées, structurent les priorités et donnent un sens à l’action.

C’est une étape que plusieurs sautent – par empressement, par habitude, ou parce que le flou est confortable. Mais c’est souvent ce qui distingue un plan qui reste théorique d’un plan qui s’exécute.

Le rôle d’un objectif bien formulé

Un objectif, ce n’est pas juste une cible à atteindre. C’est un point de repère, un filtre stratégique, un outil de mobilisation. Il agit à plusieurs niveaux : il rend les priorités visibles, il donne un sens aux tâches quotidiennes, il permet de dire non à ce qui est hors cible. Et surtout, il rend le progrès observable. Dans une PME manufacturière où les rôles sont hybrides, où les cycles sont longs et les ressources limitées, ce niveau de clarté change la donne.

Un objectif bien défini :

  • Donne une direction commune à toute l’équipe : ventes, marketing, direction;
  • Structure les arbitrages entre ce qu’on lance et ce qu’on laisse tomber;
  • Rend possible le suivi, les ajustements et l’apprentissage en cours de route.

Ce n’est pas une ligne dans un fichier Excel. C’est une boussole vivante.

Ce qui se passe quand il n’y en a pas

On pense parfois que laisser de la place à l’intuition, à l’improvisation ou à la flexibilité permet de mieux s’adapter. En réalité, l’absence d’objectif crée du flou. Et dans le flou, les équipes improvisent, la direction juge au ressenti, les résultats se diluent.

Une analyse de McKinsey le confirme : quand les équipes ne comprennent pas ce qu’on attend d’elles – et pourquoi – la prise de décision ralentit, la coordination s’effondre, la motivation s’érode. L’organisation devient active, mais pas directionnelle.

Même une équipe expérimentée peut se perdre sans boussole.

Trois couches qui doivent se parler

Dans un plan structuré, les objectifs s’articulent à trois niveaux : corporatif, marketing, ventes. Ce qui compte, ce n’est pas qu’ils existent, mais qu’ils se répondent. Qu’ils forment un tout cohérent.

  • Objectifs corporatifs : ils définissent la direction générale – croissance, rentabilité, part de marché, orientation stratégique.
  • Objectifs marketing : ils traduisent cette ambition dans le marché – notoriété, génération de leads, attractivité, positionnement.
  • Objectifs de vente : ils concrétisent les efforts sur le terrain – chiffre d’affaires par segment, nombre de clients, taux de conversion, marges.

Quand ces couches sont alignées, chaque action sert une même intention. Quand elles sont désynchronisées, les équipes tirent dans des directions opposées, même avec les meilleures intentions.

Objectif ≠ indicateur

Un piège courant : croire qu’un objectif se résume à un chiffre ou un KPI. Ce n’est pas le cas. Un bon objectif, c’est aussi une posture. C’est ce qui permet à chaque membre de comprendre pourquoi on agit, ce qu’on cherche à provoquer, et comment son travail s’inscrit là-dedans.

Dans les PME que j’accompagne, je vois toujours le même pattern : ce qui fait vraiment la différence de performance, ce n’est ni l’organigramme ni le nombre d’années d’expérience, c’est le niveau de clarté autour des objectifs partagés. Quand tout le monde sait exactement ce qu’on vise et pourquoi, les décisions se prennent plus vite, les priorités se règlent plus facilement et la collaboration se renforce. Dès que cette clarté se fragilise, les résultats suivent la même courbe.

Et cette clarté, on ne peut pas la déléguer ni la supposer. Elle se construit, elle se partage, elle se fait vivre dans le temps.

Objectifs et gouvernance : un duo indissociable

Fixer des objectifs, c’est une première étape. Mais sans structure de suivi, ils s’évaporent. Sans rythme, ils deviennent décoratifs. Un bon plan de commercialisation lie toujours les objectifs à un système de pilotage :

  • Des indicateurs avancés (activités qui annoncent la performance);
  • Des indicateurs résultats (résultats livrés);
  • Une cadence de suivi : hebdomadaire, mensuelle, trimestrielle selon le niveau.

Ce n’est pas de la lourdeur administrative. C’est ce qui donne au plan sa capacité à s’adapter, à apprendre et à durer.

En conclusion

Des objectifs bien formulés ne rendent pas les choses plus faciles. Ils rendent les choses plus claires. Et dans un environnement manufacturier où les marges d’erreur sont minces, cette clarté est une condition de survie.

Un bon objectif aligne, filtre, mobilise. Il transforme un plan théorique en trajectoire concrète. Il permet aux vendeurs de mieux prioriser. Aux marketeurs de mieux cibler. À la direction de mieux piloter.

Ce n’est pas le levier le plus spectaculaire. Mais c’est celui qui permet aux autres leviers de fonctionner. Et c’est souvent celui qu’on néglige – à ses dépens.

Jason Savage

Jason Savage